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Conciergerie

Prison et tribunal révolutionnaire

Résumé historique

Ci-dessous, court résumé du déroulement du procès de Marie-Anne-Charlotte de Corday d'Armont. Les détails peuvent être retrouvés dans « Ouvrage de E. Defrance » à partir du chapitre XI, page 296. Voir aussi, plus bas, un extrait de l'ouvrage de Chéron de Villiers.

Mardi 16 juillet 1793.
Le matin, Charlotte Corday est extraite de sa cellule de la prison de l'Abbaye pour être transférée au Palais de Justice de la Conciergerie et subir l'interrogatoire précédent l'audience.
Ce "Tribunal criminel extraordinaire et révolutionnaire" du Palais de Justice de la Conciergerie, a été établi à Paris par « Décret de la Convention Nationale du 10 mars 1793 ». Ce 16 juillet, siègent 3 juges : Jacques-Bernard-Marie Montané, président ; Etienne Foucault ; Antoine Roussillon. L'accusateur public est Antoine-Quentin Fouquier-Tinville assisté par le commis greffier Wolff. Les juges se répartissent l'audition des témoins. A onze heures, c'est Charlotte qui est entendue par le président. Elle répondra à toutes les questions sans minimiser son geste. Tous ces interrogatoires sont accessibles dans l'ouvrage de Ch.Vatel, pages 25 à 53, pièces 15 à 18, mais aussi dans les pièces originales accessibles sur ce site, voir la rubrique [Rappels historiques-Interrogatoire et jugement].
Mais Charlotte a-t'elle toujours dit la vérité ou a-t'elle menti par omission ? Elle connaissait parfaitement les écrits de l'abbé Raynal et sa maxime : « On ne doit pas la vérité à ses tyrans ». Tout au long des interrogatoires, elle évitera toujours de compromettre ses proches.
Le président lui demandera le nom de son défenseur pour l'audience du lendemain. Elle citera "Doulcet de Pontécoulant", député du Calvados à la Convention, qu'elle a connu à Caen. Elle ne connaît personne à Paris et la présence de cette connaissance l'aurait rassurée dans ses derniers instants. Cette demande ne parviendra pas à M. de Pontécoulant et celui-ci exigera des explications plus tard au président Montané (page 103 des Dossiers de Ch.Vatel)
Elle est reconduite dans sa cellule de la prison de l'Abbaye. L'acte d'accusation signé par Fouquier Tinville, ordonne à Tavernier, huissier-audencier du Tribunal, que [...] ladite Corday sera prise au corps, arrêtée et transférée sous bonne garde de la maison d'arrêt de l'Abbaye en celle de Justice de la Conciergerie du Palais de Justice, où elle sera écrouée [...] (Dossiers Ch.Vatel, pages 65 à 71, acte d'accusation et ordonnance de prise au corps, pièces 1 à 5).
Incarcérée à la prison de la Conciergerie, elle sait que ce sera sa dernière nuit. Elle va achever sa lettre à Barbaroux (1), puis rédiger une lettre d'adieu à son père (2)(3).
Ces lettres seront interceptées et lues à l'audience du tribunal le lendemain 17, paraphées par Montané et Wolff, archivées et ne parviendront jamais à leurs destinataires. Espérait-elle que tous ces écrits resteraient dans l'histoire ? c'était sans nul doute son désir.

Mercredi 17 juillet 1793.
A 8 heures, ouverture de l'audience. Le tribunal est présidé par Montané assisté par les juges Foucault, Roussillon et Ardouin. L'accusateur public Fouquier-Tinville est assisté par le greffier Wolff. Douze jurés complètent le tribunal. L'avocat demandé par Charlotte est absent. C'est Chauveau-Lagarde, présent dans la salle, qui est désigné d'office.
Le jugement est sans surprise : la mort. Elle sera conduite à l'échafaud revêtue de la chemise rouge des assassins.
Voir les différentes pièces dans l'ouvrage de Charles Vatel, page [Dossiers du procès] :
  • "Procès-Verbal de la séance du tribunal criminel révolutionnaire", pages 81 à 89, pièce n°17
  • "Questions soumises au jury", page 89, pièce n°18
  • "Jugement du tribunal révolutionnaire", pages 90 à 92, pièce n°19
  • "Signification au concierge du jugement qui condamne à mort", page 93, pièce n°20
Pendant l'audience, Charlotte aperçoit un garde qui la dessine. Elle va demander au tribunal que cette personne vienne la peindre.
A 3 heures, elle rejoint sa cellule. Il ne lui reste que quelques heures à vivre.
Un prêtre assermenté, l'abbé Lothringer, qui se tenait toujours, avec deux de ses confrères, en permanence à l'évêché, pour assister les condamnés, lui offrit, selon l'usage, les consolations de la religion. Elle le refusa avec douceur. — « Remerciez, lui dit-elle, ceux qui ont eu l'attention de vous envoyer. Je leur en sais gré, mais je n'ai pas besoin de votre ministère. » (4)
Hauer, le garde qui avait commencé à la dessiner, a obtenu l'autorisation d'aller rejoindre la condamnée.
Des désaccords ayant eu lieu entre Montané et Fouquier-Tinville, celui-ci avait oublié de faire rédiger l'ordre d'exécution de la condamnée. C'est seulement à 5 heures que le bourreau Sanson entre dans la cellule pour la procédure habituelle réservée aux condamnés à mort.
Charlotte demande au bourreau un peu de temps pour écrire sur un morceau de papier quelques mots à l'intention de Doulcet-de-Pontécoulant (5). Elle l'accuse à tort puisqu'elle ne sait pas que celui-ci n'avait pas reçu la demande de Fouquier-Tinville.
Charlotte rejoint "la Cour de Mai" où une charrette l'attend pour l'emmener à l'échafaud.
Voir la suite sur la page [Place de la Révolution].


Notes :
  1. Lettre à Barbaroux.
  2. Lettre manuscrite d'adieu à son père
  3. Réécriture de cette lettre avec les fautes d'orthographe. Pour mémoire, « le crime fait la honte, et non pas l'échafaud » est un vers de Thomas Corneille dans "Le Comte d'Essex".
  4. Extrait de l'ouvrage de Chéron de Villiers en 1865 - Chapitre XVIII les dernières heures. De nombreux historiens ont repris ce texte.
    Extrait de l'ouvrage de Jules Michelet en 1855 - Chapitre XIX-Mort de Charlotte Corday.
  5. Quelques mots à l'intention de Doulcet-de-Pontécoulant
Les documents manuscrits peuvent être vus sur la page [Autographes].

Voir les pages suivantes pour plus d'informations concernant les personnages et les évènements qui se sont déroulés à la Conciergerie :
  • Annexe 1 : Jean-Jacques Hauer, biographie et iconographie
  • Annexe 2 : Visite des lieux à l'époque révolutionnaire
  • Annexe 3 : Iconographie et visite des lieux actuels
  • Annexe 4 : Personnages du procès



Visite des lieux

Historique du Palais de Justice d'après « Promenades dans toutes les Rues de Paris par Marquis de Rochegude, 1910, 1er arrondissement, p.38 ». Extrait de l'ouvrage.



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Plan de la Conciergerie en 1793. (Paris Révolutionnaire avec illustrations, par G.Lenotre, 1895, p.369) La cour des femmes à la Conciergerie. (Paris révolutionnaire avec illustrations, par G.Lenotre, 1895, p.393).

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La cour des femmes à la Conciergerie. Charlotte n'a pas eu le temps d'y accéder. (Paris révolutionnaire avec illustrations, par G.Lenotre, 1895, p.387). La conciergerie en 1790. Estampe de Jean-Louis Prieur (BNF Gallica). Titre : "Les Frères Agasse allant au supplice le 8 février 1790". La charrette se dirige vers la Place de Grève, lieu des pendaisons (la guillotine n'est pas encore en service).

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Tribunal révolutionnaire dans la salle de la Liberté, qui siégea du 6 avril 1793 au 31 mai 1795. (Dessin de Girardet extrait de "La Démagogie en 1793 à Paris, par Dauban, 1868, p424"). Il y aura 2795 condamnés à mort par le Tribunal révolutionnaire (source : Liste des victimes du Tribunal révolutionnaire à Paris, 1911). Plan du Tribunal Révolutionnaire en 1793, tel qu'il fut pour le jugement de Charlotte Corday.
D'après l'ouvrage de Jean Epois.

photo La salle du tribunal aujourd'hui. Détruite plusieurs fois par des incendies dont le dernier en 1871, elle a été reconstruite d'après les plans d'origine, il ne reste rien de l'époque révolutionnaire. (Photo Le Figaro, 2010)

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Le Palais de Justice aujourd'hui. Origines du 13e au 19e siècle. Classé aux Monuments Historiques. La Sainte Chapelle à gauche. La grande grille est réalisée en 1787, ornements détruits à la Révolution, puis restaurée en 1877. Le Tribunal de Grande Instance a déménagé en 2018. Le Palais de Justice et la Cour du Mai. Les condamnés à mort sortaient par la porte cochère au fond à droite et montaient dans les charrettes qui les attendaient dans la cour. Sur le perron, les folies de la Révolution criaient et injuriaient les condamnés. (Photos diverses internet).

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Tableau de Georges Cain, représentant Marie-Antoinette sortant de la Conciergerie, 1885 (Musée Carnavalet). Cette représentation peut s'appliquer à Charlotte Corday, les 2 évènements étant similaires à 3 mois d'intervalle. Comparaison avec l'image de gauche : le même endroit aujourd'hui. Capture d'écran du documentaire TV "Laissez-vous guider - Au coeur de la Révolution". nouveau

photo Départ de Charlotte Corday vers l'échafaud, revêtue de la chemise rouge des assassins. Image extraite du film « Charlotte Corday, de Henri Helman avec Emilie Dequenne, 2008 ».



Aujourd'hui, 1er arrondissement de Paris, quartier Notre-Dame - Ile St-Louis
Avant 1860, c'était le 11e arrondissement, quartier du Palais de Justice. Avant 1864, le boulevard du Palais était appelé rue de la Barillerie.

Accéder à StreetView de GoogleMaps pour voir l'entrée du Palais de Justice. Se positionner sur le Pont au Change pour découvrir les batiments de la Conciergerie.


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