Prison
Résumé historique
Dimanche 14 juillet 1793.
C'est le samedi soir vers minuit que Charlotte Corday entre dans un cachot de cette prison
située au 10 place Sainte-Marguerite. Aujourd'hui, cette place et la prison ont disparu suite
au percement du boulevard St-Germain en 1854 (voir plus bas).
Ce cachot est petit et sale, 2 gendarmes restent avec elle en permanence.
Charlotte fait une demande au Comité de Sûreté Générale pour rester seule la nuit
mais n'obtient pas de réponse (1).
Pendant cette journée du 14, elle va s'occuper à fabriquer un bonnet (2) pour remplacer le chapeau perdu
chez Marat et réparer ses vêtements abîmés par l'arrestation.
Elle va aussi écrire des chansons qui seront distribuées à ses voisins prisonniers.
Le couple Delavaquerie qui la garde va lui fournir ce dont elle a besoin pour la couture et pour écrire.
Elle va apprendre la détention de Duperret et de Fauchet dans cette prison ce même jour.
Elle va nommer cette journée "le premier jour de la préparation de la paix".
Photo gauche : sur la page gauche du registre, incarcération de Charlotte le 13 juillet -
sur la page droite, extraction provisoire de Charlotte le 16 juillet.
Photo droite : extraction définitive de Charlotte le 16 juillet - libération de Lauze Duperret le 22 juillet.
(Photos du registre au Musée de la Préfecture de Police de Paris. Collection Janos Seremetyeff-Papp)
Lundi 15 juillet 1793.
Charlotte écrit au Comité de Sûreté Générale pour se faire peindre afin de laisser une trace d'elle,
mais n'obtient pas de réponse (1).
Ayant promis d'écrire une lettre à Barbaroux, elle va commencer un récit qu'elle
terminera le lendemain à la Conciergerie (3).
Cette journée se passera sans interrogatoire.
Mardi 16 juillet 1793.
Dès le matin elle est extraite de sa cellule pour être transférée au Palais de Justice de la Conciergerie
afin d'être interrogée par le Tribunal criminel extraordinaire et révolutionnaire.
Après l'interrogatoire, elle est ramenée dans cette prison pendant la durée nécessaire
à son extraction (4). Voir la suite dans la page [Conciergerie].
Notes :
Les documents 1 et 3 sont visibles sur la page [Autographes].
Le document 4 est extrait du 1er dossier de "Dossiers du procès criminel de Charlotte Corday
par Charles Vatel, 1861"
Voir la page [ Iconographie ] pour la représentation de Charlotte dans cette prison.
Visite des lieux
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Description de la cellule de Charlotte d'après
« Mémoires de Madame Roland ; avec une notice sur sa vie, des notes et des éclaircissements historiques
par MM. Berville et Barrière. Tome second. 1821. Pages 106-107 ».
[...]
C'était un petit cabinet, fort maussade par la saleté des murs, l'épaisseur des grilles, et le voisinage d'un bûcher que tous les animaux du logis prennent pour leurs lieux d'aisance ; mais comme il ne peut tenir qu'un lit, on a l'avantage d'y être seul, et on en fait ordinairement les honneurs au nouvel arrivé, ou à l'individu qui désire cet agrément.
Lavacquerie, qui ne l'avait jamais vu habiter par quelqu'un d'aussi bonne humeur que moi, et qui admirait la complaisance avec laquelle j'y ordonnais des livres et des fleurs, me disait qu'il l'appellerait désormais le pavillon de Flore.
J'ignorais qu'il le destinât en ce même instant à Brissot, que je ne savais pas dans mon voisinage ; que bientôt après il serait habité par une héroïne, digne d'un meilleur siècle, la célèbre Corday.
[...]
-
Histoire de cette prison d'après
« Promenades dans toutes les Rues de Paris par Marquis de Rochegude, 1910, 6e arrondissement, p.64 ».
Extrait :
[...]
Rue de l'Abbaye
Ouverte à travers l'ancien grand cloître, la cour abbatiale et la grande cour du jardin de
l'abbaye St-Germain-des-Prés. S'appela rue de la Paix en 1802, rue Neuve-de-l'Abbaye en 1809,
et rue de l'Abbaye en 1815.
Childebert avait fondé vers 543, sous les auspices de St Germain, évêque de Paris,
une église primitivement dénommée St-Vincent et Ste-Croix à cause de sa forme.
St Germain y joignit un monastère, et ce fut là l'origine de la célèbre abbaye St-Germain-des-Prés,
qui fut dévastée par les Normands en 848, 861, 869, 885.
L'abbaye fut reconstruite à la fin du Xe siècle et terminée au XIIe.
C'était une véritable forteresse entourée d'une enceinte, qui disparut à la fin du XVIIe
siècle pour faire place à des logements d'artisans. D'une façon générale, l'abbaye occupait
à peu près le terrain occupé actuellement par le quadrilatère compris entre le boulevard
St-Germain, la rue de l'Echaudé, la rue Jacob et la rue St-Benoît.
L'abbaye fut soumise à la règle de St Benoît en 1513, et elle fut supprimée à la Révolution.
Les révolutionnaires brûlèrent la belle bibliothèque et le fameux réfectoire,
chef-d'oeuvre de Pierre de Montereau. Les bâtiments conventuels disparurent en l'an X.
La prison de l'Abbaye avait été construite en 1635 comme geôle abbatiale. Dès le commencement du
XVIIIe siècle, elle fut affectée aux Gardes françaises et on y enfermait aussi pour dettes.
Elle se trouvait sur l'emplacement du sol du Boulevard St-Germain, entre le jardin
abbatial et les 135 et 137 actuels du boulevard St-Germain.
La prison devint tristement célèbre par les journées de Septembre 1792. Philippe-Égalité, avant d'être
détenu à Marseille, fut envoyé à l'Abbaye ainsi que le prince de Conti. Mme Roland y fut détenue dans le
même pavillon où furent enfermés plus tard Brissot et Charlotte Corday.
Là aussi fut emprisonné M. de Sombreuil, sauvé pour quelques jours par le dévouement de sa fille.
La sinistre prison fut démolie en 1857.
[...]
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Histoire de la prison et du quartier, avec photos =>
Site Vergue
A gauche, extrait du plan Dom Bouillart de 1723. La prison est repérée en rouge.
En bleu, est situé approxativement le Boulevard St-Germain percé de 1854 à 1877 dans le cadre
des travaux hausmanniens.
A droite, gravure représentant la prison en 1793.
Extrait de "Paris révolutionnaire avec illustrations, par G.Lenotre, 1895".
A gauche, le peuple délivrant les gardes-françaises à l'abbaye St Germain, le 30 juin 1789.
Estampe de Jean-Louis Prieur, BNF Gallica.
A droite, gravure représentant les massacres du 2 au 6 septembre 1792.
Estampe de Swebach Desfontaines ; Berthault sculp, BNF Gallica.
Prison militaire, ancienne prison de l'Abbaye.
A gauche, vers 1852. A droite, en cours de démolition, avril 1854.
Photos de Charles Marville.
Plaque apposée au n° 133 du boulevard Saint-Germain, Paris 6e.
« Ici s'élevait la prison de l'Abbaye où les massacres de septembre 1792 firent 326 victimes ».
(Source "wikimedia commons").
6e arrondissement de Paris
166 et 168 du boulevard St-Germain, avec la rue de l'Echaudé et
le passage de la Petite Boucherie, emplacement de la prison de l'Abbaye. De toute l'abbaye,
aujourd'hui il ne subsiste que l'église et le palais abbatial.
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