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Hôtel de la Providence
Résumé historique

Jeudi 11 juillet 1793 vers midi, Marie-Anne-Charlotte de Corday d'Armont, venant de Caen, descend de la diligence dans la cour des Messageries Nationales situées 28 Rue Notre-Dame des Victoires, renommée Rue des Victoires Nationales de 1793 à 1806.
Au bureau, elle demande l'adresse d'un hôtel. Un employé lui remet une carte avec une adresse. Avec l'aide d'un commissionnaire qui porte sa malle elle rejoint l'Hôtel de la Providence situé au 19 rue des Vieux Augustins, proche des Messageries.
Mme Grollier (1), 26 ans, tenancière de l'établissement lui propose une chambre au premier étage donnant sur la rue (voir plus bas la photo du registre avec commentaires)). Louis Bruneau (1), 30 ans, tailleur et portier de l'hôtel, appelle Pierre-François Feuillard (1), 35 ans, garçon de l'hôtel, pour indiquer le chemin de la chambre et monter le bagage (2).
Charlotte lui demande de préparer le lit pour qu'elle puisse se reposer des fatigues du voyage. Mais elle est impatiente de respecter la mission qu'elle s'est fixée :
1/ régler les affaires de son amie Alexandrine de Forbin.
2/ trouver une aide pour entrer à la Convention afin de tuer Marat.
3/ tuer Marat.
Elle demande donc à Feuillard le chemin pour rejoindre l'adresse que lui avait donnée Barbaroux, rue St-Thomas-du-Louvre où habite le député Lauze de Perret (dit Duperret). Elle a sur elle une lettre d'introduction rédigée par Barbaroux, ainsi qu'un paquet contenant des imprimés.
Voir la page "Rue St-Thomas-du-Louvre" pour plus de détails.
Duperret étant absent, elle laisse la lettre et le paquet à ses filles puis elle revient à l'hôtel pour se reposer. En soirée, elle repart chez Duperret, il est à table avec des amis. Charlotte lui demande d'intervenir pour son amie Alexandrine. Les papiers qu'elle souhaite récupérer étant au ministère de l'intérieur, Duperret propose de l'emmener le lendemain matin 12 juillet chez le ministre Garat (voir la page "Rue Neuve des Petits Champs"). Charlotte lui laisse la carte avec l'adresse de son hôtel. Elle apprend aussi que Marat ne siège plus à la Convention pour cause de maladie.

Pour cette journée du 11 juillet 1793, l'Association Valmorency émet une hypothèse amusante avec cette question : « Charlotte Corday a-t-elle séjourné à Montmorency, deux jours avant d'assassiner Marat ? ». A lire ici.

Vendredi 12 juillet au matin, Duperret passe à l'hôtel pour accompagner Charlotte au ministère de la rue Neuve des Petits Champs, voir la page "Rue Neuve des Petits Champs". Le portier leur annonce que le ministre ne peut pas les recevoir avant 8h du soir. Duperret donne donc un nouveau rendez-vous à Charlotte pour le soir.
Pendant la journée, Charlotte va écrire d'un seul élan "Adresse aux Français amis des lois et de la paix" (3). Dans la soirée, Duperret revient mais déclare qu'il est suspect, que sa maison est sous scellé et qu'il risque d'être arrêté à tout moment. Se sentant responsable de ces ennuis, Charlotte le supplie de quitter Paris et de rejoindre les Girondins à Caen. Il refuse catégoriquement.
Par conséquence les engagements envers Alexandrine de Forbin se trouvent abandonnés.

Samedi 13 juillet, Charlotte se lève tôt et part vers le Palais-Egalité (Palais Royal). Dans la galerie de Valois au n°177, à 7h1/2-8h, elle aperçoit une coutellerie qui ouvre. C'est ici qu'elle va acheter pour 40 sols un couteau de cuisine (voir la page "Palais-Egalité").
Apercevant un crieur de journaux, elle en achète un qui décrit le jugement des agresseurs de Bourdon, un de ses compatriotes de l'Orne. Elle va passer un moment à lire cet article puis vers 9 heures elle décide d'aller chez Marat. Ne connaissant pas l'adresse, elle demande à un fiacre de l'y conduire (voir la page "Rue des Cordeliers").
N'ayant pu être reçue, elle laisse passer un peu de temps et se présente une deuxième fois au domicile de Marat, sans plus de succès.
Elle revient à l'hôtel, écrit une lettre à Marat qu'elle fait porter par la petite poste (4) et elle attend une réponse.
Elle en profite pour faire venir un perruquier, Person, employé chez Férieux, rue des Vieux-Augustins, qui va lui boucler ses cheveux et la poudrer.
Aucune réponse n'arrivant, elle écrit une nouvelle lettre à Marat qu'elle gardera avec elle (4). Il fait très chaud, elle se change. Elle est vêtue avec un déshabillé de bazin moucheté brun, un fichu rose, porte un chapeau haut de forme noir orné de rubans verts et tient aussi un éventail dans la main. Le couteau dans sa gaine est maintenu dans son corsage où elle a aussi épinglé son certificat de baptême et son "Adresse aux Français". Puis elle part en laissant sa chambre en désordre, elle ne reviendra plus ici. Elle prend un fiacre et arrive pour la troisième fois au 30 rue des Cordeliers, il est 7 heures du soir.



Notes:
  1. ces noms sont connus puisque ces personnes ont témoigné lors des auditions du président Montané.
  2. le contenu de son bagage est décrit dans le PV de la Perquisition réalisée dans sa chambre le samedi 13 juillet à 10h1/2 du soir (3 heures après son crime).
  3. voir le texte de "Adresse aux Français amis des lois et de la paix".
  4. voir ces deux lettres à l'intention de Marat dans la page [Autographes].

Ces documents sont extraits des "Dossiers du procès criminel de Charlotte Corday par Charles Vatel, 1861".


Visite des lieux

photo photo A gauche, titre du tableau : "L'arrivée d'une diligence dans la cour des Messageries, rue Notre-Dame des Victoires à Paris" en 1803 par Louis-Léopold Boilly (Musée du Louvre). Cette scène doit certainement ressembler à celle vécue par Charlotte Corday.
A droite, même lieu, photo de Charles Marville vers 1865-1868. Cet endroit a totalement disparu pour faire place à des immeubles modernes.

photo Ci-contre, la carte adresse de l'hôtel. Elle fut remise par Charlotte Corday à Duperret pour lui faire savoir où elle demeurait. Elle est signée au crayon du nom de Corday.
Au dos on lit : Lauze de Perret, signature qui fut apposée par ce dernier lorsqu'il déposa la pièce sur le bureau de la Convention.
(Collection Janos Seremetyeff-Papp)

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Ci-contre, photo de la page du registre de l'hôtel Grollier à la date du 11 juillet 1793. C'est la chambre n°4 qui est attribuée à Demoiselle Marie Corday, pour 5 nuits au prix de 7 livres. Il est à noter que ce numéro de chambre ne correspond pas à celui qui est indiqué sur le PV de perquisition (voir plus haut), soit la n°7.
Ce document est découvert par M.Fleuriot de Langle (1897-1968) chez un antiquaire parisien. (Source revue trimestrielle "Le Pays d'Auge" de février 1963, page 20.)
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A gauche, Hôtel de la Providence à l'époque révolutionnaire. Anonyme, lithographie 1880, musée Lambinet.
A droite, Hôtel de la Providence. Archives Nationales.
(Collection Janos Seremetyeff-Papp)

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A gauche, gravure du 19e siècle représentant l'ancien Hôtel de la Providence à côté de l'Hôtel de Francfort. (Paris révolutionnaire avec illustrations, par G.Lenotre, édition 1895, page 223).

A droite, photo du 19e siècle représentant une partie de l'ancien Hôtel de la Providence. (Paris révolutionnaire avec illustrations, par G.Lenotre, édition 1909, page 207). (Collection Janos Seremetyeff-Papp)

Cet hôtel, devenu un local pour les archives de la Caisse d'épargne, est démoli en 1893.
Pendant cette période des archives, une confusion était entretenue avec l'hôtel de Francfort au n°12 voisin. Voir le récit de G. Lenotre dans son "Paris révolutionnaire, édition 1895".

Un article de 1880 rétablit aussi la vérité sur cet hôtel de la Providence, voir en bas de page.


photo photo A gauche, zoom du plan parcellaire 1810-1836, 3e arrondissement, 12e quartier Mail. Archives numérisées de Paris.
Voir plan parcellaire avec ilots 1 et 12.
Il apparaît que la numérotation de la rue des Vieux Augustins a déjà été inversée. Le n°14 correspond donc à l'ancien n°19, identique à la numérotation actuelle de la rue Hérold.

A droite, plan de Paris actuel, orienté de façon à être comparable au plan parcellaire ci-contre.

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A gauche, zoom du plan parcellaire 1892, avec nouvelles désignations, 2e arrondissement, 7e quartier Mail. Archives numérisées de Paris. Voir plan parcellaire complet

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A gauche, page du journal « THE SKETCH » (*) paru le 9 mai 1906, présentant des photos de la façade et de l'intérieur de l'hôtel de la Providende avant démolition.
L'adresse indiquée, 57 rue d'Argout, existe à cette époque sur le plan parcellaire de 1892 (voir ci-dessus), mais n'a rien à voir avec le 14 rue Herold.
Une photo (© UPF/Musée-Carnavalet/Roger-Viollet), représentant cette adresse du 57 rue d'Argout en 1905 existe et correspond bien à celle du journal The Sketch.
Conclusion : ces photos du journal britannique ne concernent en rien l'Hôtel de la Providence qui était détruit à cette date, mais la rue d'Argout avait remplacé une partie de la rue des Vieux Augustins.
(*) Ce journal illustré britannique est paru de 1893 à 1959.

A droite, une autre représentation de la chambre de Charlotte. Cette chambre est mansardée, donc un dernier étage, alors que la véritable chambre était au 1er étage. Cette estampe, comme plusieurs autres du même auteur, provient du musée Carnavalet de Paris (site PARIS MUSEES).

Cette erreur courante entre les différents hôtels et les différentes adresses est compréhensible du fait du changement des noms et des numérotations des rues de ce quartier au 19e siècle. La consultation des publications de "L'Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux", années 1893 et 1894, permet de se rendre compte des controverses existantes concernant la recherche de cet hôtel.
D'autre part, ce cas d'appropriation du nom de Charlotte Corday est fréquent et existe aussi à Caen avec la maison de Mme Bretteville et la boutique Mollier (voir la page de "Caen St-Jean").


Après 1860 : 1er Arrondissement de Paris, Quartier du Louvre.
Avant 1860, était 3e Arrondissement, Quartier du Mail

La rue des Vieux-Augustins est remplacée par la rue Herold en 1881.

Historique de cette rue Herold d'après « Promenades dans toutes les Rues de Paris par Marquis de Rochegude, 1910, p.33 ». Extrait :
[...] Porta au 13e siècle le nom de rue des Vieux-Augustins, ainsi d'ailleurs que la rue d'Argout qui en est le prolongement. Les Auguslins, venus d'Italie sous Louis IX, y avaient un moustier vers 1285 avant d'aller s'établir de l'autre coté de la Seine. En 1867 la rue prit le nom de rue d'Argout et en 1881 le tronçon qui nous intéresse ici s'appela rue Herold en l'honneur du compositeur (1791-1833). Après le 13 vendémiaire le baron de Batz habita l'hôtel de Beauvais qui se trouvait au 31 de la rue des Vieux-Augustins.
N° 20. Ancienne maison de la rue Pagevin (bouillon Moreaux). Petit balcon au coin de la rue Etienne-Marcel. Emplacement au XVIIe siècle des écuries de l'hôtel d'Epernon qui longeait d'un côté la rue Pagevin et s'étendait jusqu'à la rue Coq-Héron. En 1713 ces écuries étaient devenues l'hôtel de Phélippeaux, marquis de Chàteauneuf.

N° 14. Emplacement d'un ancien hôtel Herault au XVIIe siècle, puis hôtel meublé de la Providence vers 1793. Cet hôtel de la Providence (ancien 19 de la rue des Vieux-Augustins) était tenu en 1793 par Mme Grollier et c'est là que Charlotte Corday descendit le 11 juillet 1793. Le 13 elle acheta son couteau à l'arcade 177 du Palais-Royal, chez Badin, coutelier, et quitta l'hôtel le soir à six heures pour se rendre chez Marat. Le 14 de la rue Herold cessa d'être hôtel, et son voisin, le 12, qui était hôtel meublé de Francfort, hérita du souvenir de Charlotte, mais c'est bien au 14, démoli en 1893, que se trouvait l'hôtel historique. Le crâne de Charlotte Corday est chez S. A. I. le prince Roland Bonaparte, et la baignoire de Marat est au Musée Grévin (Lenôtre). Le 12 a été englobé dans la Caisse d'Epargne (Voir 19 rue du Louvre).
N° 10. Maison où est né Herold en 1791. (Inscription.)
N° 1. Ancienne inscription : Rue des Vieux-Augustins.
N° 2. Ancienne maison, ainsi qu'au 13. [...]



L'Hôtel de la Providence, détruit en 1893, était situé au n°14 de la rue Hérold actuelle, porte rouge sur StreetView.
Au n°12 voisin, de chaque côté du portail d'entrée, on peut remarquer une façade avec des fenêtres ressemblant un peu à celles de l'hôtel de 1793. Hasard ou clin d'oeil ?




Vue aérienne par Google Maps
vue aérienne par Google Maps
Comparaison avec un extrait du « Plan Turgot de 1739 ».

plan Turgot 1739




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Chronique - Paris qui s'en va.
Une maison historique - La robe de Charlotte Corday.
(Extrait de la page 2 du journal « Le Temps » du 26 août 1880).



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